5 déc. 2014

Pourquoi faut il avancer le côté du bras tireur lors du tir au basket-ball?

Au Basket-ball, beaucoup de joueurs souhaitent améliorer leur adresse au tir extérieur. 
L'amélioration de l'adresse peut se produire en partie par un perfectionnement de la gestuelle de tir pour se rapprocher d'une technique optimale adaptée à chaque individu. 

Le respect de quelques principes mécaniques simples semble être la clé de réussite de nombreux grands shooteurs dans le monde entier (en dehors des aspects cognitifs et mentaux).
Certains de ces principes ont déjà été énumérés dans l'article suivant: 

Il m'a semblé important de revenir sur l'avancée du côté du corps lié au bras tireur.
En effet, en analysant les joueurs considérés comme les plus adroits au monde, on peut observer le côté (épaule, hanche, pied) du bras tireur avancé par rapport au côté opposé, ce qui induit une rotation du tronc et des membres inférieurs ( "turn"). Les joueurs retombent donc au sol avec des appuis et un tronc tournés par rapport à la cible.

    


 


Cette avancée de l'épaule permet de faciliter l'alignement du bras et de la main qui tire avec la cible. Elle permet aussi de libérer le mouvement d'élévation de l'épaule du bras tireur avec un meilleur relâchement musculaire et une meilleure fluidité. 

D'ailleurs, dans les lancers athlétiques, on retrouve cette avancée du côté du bras lanceur (voir figures ci-dessous):






Dans les tirs de précision, on retrouve également une avancée du côté du bras tireur.






Or, il est fréquent d'observer des joueurs tirer au panier en gardant les épaules et le tronc face à la cible. Cette façon de tirer nuit généralement à l'adresse du joueur. 
Elle est souvent le résultat d'un apprentissage du tir lors des entraînements suite aux consignes des coachs. 
En effet, il existe une consigne empirique et historique de dire "Garde tes épaules face au cercle" ou "Retombe avec les épaules ou les appuis face au cercle".
Cette consigne vient probablement du fait que le tir au basket-ball se faisait au tout début à deux mains ce qui incitait alors les joueurs à conserver les deux épaules face au cercle.
James Naismith apprenant à tirer


Il semble donc opportun de laisser les joueurs avancer leur côté du corps correspondant au bras tireur, ce qui est généralement assez naturel chez les jeunes joueurs.

N'hésitez pas à commenter cet article.

SF

24 nov. 2014

Paroles de Formateur: Gregory Morata, CTR Ligue des Alpes

Gregory Morata, Conseiller technique régional (CTR) dans la Ligue des Alpes, m'a fait le plaisir de répondre à quelques questions sur le mode de fonctionnement d'un pôle et sur la formation des jeunes joueurs en général. C'est peut être la première fois qu'un CTR explique comment il travaille et je pense que beaucoup de personnes ont besoin d'en apprendre plus.

Gregory est un entraîneur/formateur de grande classe. Il m'a beaucoup appris quand je l'ai côtoyé à la Saint-charles de Charenton avec Jérôme Fournier. Nous discutions beaucoup de la formation des jeunes joueurs. Il est très ouvert et ne reste pas enfermé dans un mode de pensée unique. 
Bonne lecture à tous.



Stevy : Salut Grégory, peux-tu te présenter s’il te plaît ?

Grégory : J’ai 40 ans (né le 31 mars 1973 dans les Alpes)
Fils de basketteuse et de rugbyman, le sport à toujours été dans les discussions familiales.
J’ai connu 3 clubs comme joueur :
A.B.C Domène (de 1981 à 1993), E.S Saint Martin d’Hères (de 1993 à 1995) et la Saint Charles de Charenton (de 1996 à 2002)…de pré-nationale à nationale 3.
C.E.R.H.N de la ligue des Alpes de 1987 à 1989 sous la direction de Jacques VERNEREY
Sélection régionale en 1988 et 1989, sélection de zone en 1989.
J’ai commencé le coaching à 18 ans, ma motivation était de rendre à mon club tout ce qu’il m’avait donné.
B.E.E.S 1er degré en 1995, B.E.E.S 2nd degré en 2001
Responsable technique et pédagogique à la Saint Charles de Charenton de 1998-2002.
Cadre Technique Fédéral à la ligue des Alpes de 2002 à 2005.
Conseiller Technique Régionale placé auprès de la ligue des Alpes depuis 2005.
Adjoint auprès des équipes de France féminines jeunes depuis 2009.

Stevy : Tu entraînes dans un pôle régional de basket-ball. Peux-tu nous expliquer ton rôle au sein de ce pôle et en tant que CTR ?

Grégory : Je suis le coordonnateur du pôle espoirs (pôle mixte sur le même site) sur le plan administratif et pédagogique. Je suis l’interlocuteur avec les différents partenaires du pôle espoirs tels que la Direction Régionale Jeunesse et Sport de Lyon, la Fédération Française de Basketball, l’établissement scolaire de Notre Dame des Victoires, le C.H.U de Grenoble, Tremplin Sport Formation (l’établissement d’accueil et d’hébergement) etc.
Je m’occupe plus particulièrement du secteur féminin avec mon fidèle collaborateur David TRUC-VALLET (C.T.F). Le secteur masculin est encadré par mon collègue CTR (Yann JULIEN) et entraîné par un des CTF de la ligue (Rémy POINAS).
Outre le suivi scolaire, la programmation et l’entraînement, le pôle espoirs nécessite beaucoup de disponibilités pour assurer le suivi des jeunes talents de la ligue : relation avec les entraîneurs de clubs, relation avec les entraîneurs nationaux et les entraîneurs des centres de formation (Suivi sportif, suivi scolaire, suivi médical et le bien-être des jeunes).


Stevy : Comment se déroulent les détections pour entrer au pôle ? Quels sont vos critères de détection des jeunes ? Faites vous attention au niveau de maturité du joueur ?

Grégory : C’est un sujet qui anime beaucoup nos réflexions. Nous avons pas mal exploré, expérimenté cette thématique. Par exemple, nous faisions des journées de détection où nous recevions beaucoup de candidatures et de candidats qui n’étaient pas forcément du niveau ou qui ne correspondaient pas aux critères de détection.
Aujourd’hui, nous ciblons les jeunes qui présentent des qualités pour aller vers le haut niveau. Ce repérage se fait de 3 manières :
1-      la détection fait par les comités départementaux sur les catégories U12-U13
2-      le réseau d’entraîneurs qui nous signale des jeunes joueurs(ses) que nous évaluons par la suite
3-      les camps et les tournois (inter comités, inter ligue) qui constituent la base du système de détection en France
Les critères sont divers et variés, mais il y a une chose de sûre, c’est que parmi l’ensemble des qualités, les habilités d’un joueur(se) de basket, la personne que nous sollicitons doit posséder au moins UNE qualité qui sorte de la norme, comme la morphologie (très grand gabarit), la technique, l’adresse, des qualités athlétiques, des qualités mentales (détermination), etc.
Ce qui est important c’est l’envie du jeune de rejoindre notre structure. Cela ne doit pas être le projet des parents ou celui de l’entraîneur, mais bien le sien.
Si le jeune ne se sent pas prêt, si la famille est trop présente dans le projet, nous ne forçons pas les choses voir nous ne sollicitons pas l’enfant.
En ce qui concerne la maturité, c’est peut être ce par quoi nous commençons notre réflexion lorsque nous recrutons un jeune joueur. A quel stade de son épanouissement physique, physiologique et psychologique en est-il ? Nous faisons bien la distinction entre les joueurs opérationnels et les joueurs potentiels.


Stevy : Quel est votre objectif final quand un jeune entre au pôle ?

Grégory : L’objectif "institutionnel" serait qu’il atteigne, à terme, le plus haut niveau, qu’il participe au renouvellement de l’élite du basket français.
L’objectif que l’on s’est fixé avec mes collègues est de guider le joueur dans son développement et l’optimisation de SES qualités afin qu’il révèle SON meilleur niveau de pratique. Et si celui-ci coïncide avec la pratique de haut niveau alors nous sommes doublement récompensés.



Stevy : Quel est le planning type d’une semaine pour les jeunes joueurs ?

Grégory :
Lundi : 1h.45 de séance + 1h. de proprioception/gainage
Mardi : 1h.45 de séance + 1h. de préparation physique
Mercredi : 2h.00 de séance / Match
Jeudi : 1h.45 de séance + 1h. de préparation physique
Vendredi matin : 1h.30 de séance
Vendredi après-midi : séance club
Samedi : repos
Dimanche : match club (U15 élite ou U17)
Environ 12 d’entraînement en pôle espoirs.

Pour les blessés : un protocole est mis en place « même blessé je m’entraîne » (je m’entraîne autrement).

Stevy : Sur quels points mettez vous la priorité lors du passage des joueurs au pôle ?

Grégory : Cela va peut être te surprendre, mais la priorité est le plaisir et l’enthousiasme. Depuis un certain temps, nous travaillons dans ce sens avec l’ensemble de l’équipe d’encadrement. Pour pouvoir révéler, accompagner efficacement un jeune, nous devons créer un cadre d’évolution serein et dynamique.
Le pôle espoirs est la première marche vers l’accès au haut niveau. Notre objectif est de « planter » des bases solides :
-        Enthousiasme et plaisir
-        Savoir s’entraîner
-        Le goût de l’effort et l’engagement au sens large (engagement physique et psychologique)
Pour le domaine spécifique de l’activité, nous accompagnons les jeunes polistes sur un plan individuel (technique individuelle, préparation physique). Nous prônons un basketball total, où l’agressivité et la technique individuelle prennent tout leurs sens dans le développement du jeune joueur.



Stevy : Est-ce que vous individualisez l’entraînement des joueurs au pôle ?

Grégory : L’individualisation est une préoccupation permanente. Nous sommes conscients que chaque individu est différent, avec des qualités propres à chacun, des motivations dissemblables.
Pour accompagner efficacement les jeunes joueurs, nous avons une limite de moyens, notamment humain. Le Président de la ligue est sensible au projet mené au niveau du pôle espoirs. Il nous donne les moyens de bien fonctionner. Nous sommes 5 entraîneurs à intervenir sur le pôle, dont un préparateur physique (20 heures/semaine) depuis cette année.
Avoir des personnes ressources en nombre permet de s’occuper de manière plus pertinente des joueurs et de répondre efficacement à leur problématique individuelle.
Nous pouvons faire ainsi des groupes de besoins, des groupes de niveau, par poste de jeu. Sur le plan pédagogique cela rend l’organisation plus facile et plus efficiente.


Stevy : Au niveau physique, faites-vous un travail spécifique ? Si oui, lequel ?

Grégory : Le travail physique est incontournable à cet âge de la formation. Les jeunes sont en cours de construction physique. De plus, la politique fédérale en matière de détection des plus grands nous amène à accompagner des jeunes à la recherche d’un corps qui change, qui se transforme.
Nous axons le travail physique principalement autour de 5 axes :
-          Le développement autour de l’aérobie.
-          Le développement des gammes athlétiques (école de course, école de sauts).
-     La prophylaxie (prévention) car nous savons que la pratique intensive génère des traumatismes.
-          Le développement physique harmonieux de la personne (renforcement musculaire).
-          Le suivi quotidien des charges à l’effort (R.P.E)


Stevy : Travaillez-vous en relation avec les entraîneurs des clubs des joueurs ?

Grégory : La réforme du championnat de France U15 élite, nous invite à encore plus collaborer avec les entraîneurs de clubs. Les jeunes en pôle espoirs sont maintenant regroupés dans deux entités clubs sur notre territoire.
La relation est de plusieurs ordres :
-          Communiquer ce que nous faisons au pôle (planification, contenus, charges d’entraînement)
-          Assurer une cohérence entre le projet de formation du jeune et la compétition (poste de jeu, responsabilité dans le jeu).
-          Nous essayons d’avoir un même style de jeu (intentions, priorités, etc.).
-          Relation pour un retour à la compétition des joueurs en fin de ré-athlétisation.

Stevy : Que pourrait-on améliorer dans la formation en France sur les catégories U13 et U15 selon toi ?

Grégory : Déjà, il faudrait que les entraîneurs s’imprègnent du style de jeu « à la française », à savoir mettre la défense au cœur des préoccupations et sur le plan offensif, accompagner la formation des jeunes joueurs en priorités. La formation physique est aujourd’hui entrée dans notre culture d’entraînement mais pas encore priorisée dans la formation des jeunes joueurs notamment au niveau des clubs.
Le problème c’est qu’il y a trop d’avis divergent dans la façon d’aborder la formation dans ces catégories malgré les directives techniques fédérales.
Un travail remarquable a été fait pour valoriser le championnat de France U15 élite. Il est trop tôt pour en tirer des conclusions. Je pense qu’il faut travailler sur nos championnats régionaux pour offrir des championnats compétitifs et en cohérence avec l’effet recherché, à savoir la progression de nos jeunes joueurs.
Nous devons travailler main dans la main avec les arbitres pour que leur fonction d’animateur du jeu vienne soutenir et aider la formation des jeunes joueurs.




Stevy : Si tu devais changer 1 ou 2 points (technique ou tactique) que beaucoup d’entraîneurs de jeunes ont l’habitude de faire ou d’enseigner aux jeunes joueurs, quels seraient ils ?

Grégory : Une question pas facile car l’entraîneur est amené à faire des choix, des choix qui sont parfois discutables car ils ne sont pas partagés ou qui s’éloignent de la formation du joueur.
Pour ma part, je conseillerais de travailler davantage sur les intentions de jeu, avec des notions fortes telles que l’agressivité, l’intensité, le dynamisme.
Sur le plan tactique, je prône un « basket total » basé sur la recherche du jeu rapide en permanence et la volonté de récupérer la balle le plus tôt possible (défense tout terrain).
Sur le plan technique, l’aisance avec la balle (dans le dribble et la passe) et le tir sont toujours à privilégier.

Stevy : Depuis plusieurs années, tu es également assistant sur les équipes de France jeunes l’été (Champion d’Europe U18 et vice champion du Monde U19 avec Jérôme Fournier). Que t’apportes cette expérience ?

Grégory: C’est une expérience hors du commun, c’est une sorte de formation permanente. Le fait de rencontrer des nations étrangères, des entraîneurs expérimentés, cela m’a permis de développer d’autres compétences autour du métier d’entraîneur (entraîneur adjoint) : l’analyse statistique et vidéo, rédiger des scouting report à destination des joueuses, mieux comprendre les logiques internes des équipes adverse (stratégies, intentions, etc.).
Le fait de participer à des championnats du Monde ou d’Europe permet d’apprécier les différents styles de jeu des autres équipes, d’avoir des éléments de réflexions sur le mode de détection et les filières de formation des autres nations.
J’ai eu la chance de travailler avec deux grands professionnels que sont Cathy MELAIN et Jérôme FOURNIER, deux entraîneurs qui possèdent une éthique de travail hors norme, qui vivent basket, qui mangent basket, qui dorment basket…et pour moi, aux travers des échanges qui animent notre collaboration c’est juste ENORME, énorme de savoir-faire, de savoir être, d’échanges de bonnes pratiques, etc.
Cette expérience, je la partage avec mes collègues du pôle espoirs et cela nous permet de faire évoluer notre structure d’entraînement années après années.



Stevy : Tu as été missionné par la FFBB avec d’autres entraîneurs pour aller visiter le centre de formation du FC Barcelone Basket. Peux tu nous décrire en quelques mots les principaux enseignements de cette mission ? (si possible Greg sinon on peut faire un article sur ça ?)

Grégory : Le voyage d’étude à Barcelone, a été organisé par l’Association des Cadres Techniques du Basketball Français (ACTBF), en collaboration avec la Fédération Française de BasketBall.
Je suis parti avec 3 collègues C.T.R, à savoir Yann JULIEN (CTR Alpes), Christophe EVANO (CTR Bretagne) et Alban LEBIGOT (CTR Ile de France), pour cette immersion en terre catalane. Nous avons visité la « masia », le centre de formation du Barça, nous avons assisté à une dizaine d’entraînements et autant de matchs (Bardalone, Mataro, etc.).
Nous avons aussi rencontré notre homologue catalan (Xavier RODRIGUEZ TIERNO), qui nous a expliqué le fonctionnement de la fédération autonome de Catalogne (ligue régionale chez nous).
Ce qui m’a marqué, c’est la philosophie de jeu appliquée chez toutes les jeunes catégories qui semble être partagée par tous les entraîneurs : un basket simple et totale, basé sur l’agressivité offensive et défensive. L’autre chose qui est remarquable, c’est la bienveillance des entraîneurs envers les joueurs, ils sont dans l’accompagnement et les encouragent à tenter des choses, même difficiles.
Concernant l’encadrement des équipes de jeunes (toutes équipes confondues), il y a 2 entraîneurs et un responsable d’équipe, soit 3 personnes par équipe. À partir d’U13, 3 entraînements hebdomadaires sont dans la normalité.
Durant notre voyage, nous avons vu beaucoup de choses intéressantes (article à venir), nous avons toujours essayé de relativiser par rapport à notre contexte, à notre culture.

Stevy : Tu as été un des premiers entraîneurs d’Evan Fournier lorsqu’il était mini-poussin à Charenton le pont. Avais-tu remarqué son talent à l’époque ? Est-ce qu’il se démarquait déjà des autres joueurs ? Si oui, sur quels aspects ?

Grégory : A l’époque, il était difficile de se projeter sur le devenir d’Evan, ce serait vous mentir. En revanche, ce qui était remarquable, c’est qu’Evan venait toujours en avance à l’entraînement, voir même au début de l’entraînement précédent, et il trainait toujours pour partir. Il avait un ballon à la main en permanence. Evan essayait de dribbler entre les jambes, dans le dos. Dès qu’un panier se libérait, il se précipitait pour tirer  et son grand truc c’était le lay-back…Il venait me voir pour que je lui explique comment faire un lay-back.
En revanche, je ne suis pas surpris de sa réussite sportive, je ne sais pas comment l’expliquer, mais Evan avait un rapport à la pratique très fort hors du commun, il vivait basket.




Stevy : Merci beaucoup pour tes réponses. As-tu quelque chose à ajouter pour finir ?

Grégory : Je tiens à te féliciter pour tous les concepts, les contenus qui tu partages sur le net autour de l’entraînement au sens large. Déjà lorsque nous étions coéquipiers à la Saint Charles de Charenton, la rigueur, la précision t’animait… Je ne peux que t’encourager à poursuivre ta contribution au monde du basketball. Merci de m’avoir sollicité et je suis partant pour un article sur le basket en Catalone J

Merci à Grégory pour ses réponses et sa gentillesse. On attends l'article sur le basket en catalogne alors ;-)

SF
  

18 juil. 2014

Développez l'agilité de vos joueurs!

Deux nouvelles études réalisées par la même équipe australienne (Young W et collègues) nous permettent de continuer à améliorer notre réflexion sur le développement des capacités d'agilité de nos joueurs.
Un premier article avait été consacré à ce sujet sur le blog. Vous pouvez relire l'article pour plus d'informations:



La première étude (Young et coll. JSCR 2014) a testé, chez des joueurs de football australien, les relations entre les qualités physiques, la vitesse de changement de direction et la performance d'agilité défensive.

Les tests de qualités physiques avaient pour but de mesurer: 
  • L'Accélération: temps de sprint sur 10 mètres 
  • La Force maximale: test de 3 RM au demi-squat
  • La Puissance des membres inférieurs: test de détente verticale sur un saut en contre-mouvement)
  • La Force réactive: test de Drop jump (se laisser tomber depuis un banc de 30cm et sauter le plus haut possible en minimisant le temps de contact au sol) 

Les deux autres tests consistaient à évaluer:
  • la vitesse sur un changement de direction (test d'agilité planifiée): le test consiste à sprinter sur 3.5 mètres, puis à faire un changement de direction pré-déterminé (droite ou gauche). Les deux directions étaient testées.
  • la capacité d'agilité défensive (test d'agilité réactive):  le test consiste à réagir et à suivre un attaquant virtuel diffusé sur un écran géant et qui effectue un changement de direction de manière aléatoire. Il faut donc à faire un sprint de 3.5 mètres, puis changer de direction (~45°) pour suivre l'attaquant et enfin sprinter à nouveau sur 3.5 mètres.


Les résultats montrent que:
  • la capacité à changer rapidement de direction est corrélé à la capacité d'accélération sur 10 mètres (r = 0.510) et à la force réactive du joueur (r = - 0.645)
  • Les qualités physiques combinées expliquent 56.7% de la capacité à changer de direction rapidement, le restant pouvant s'expliquer par l'habileté technique à changer de direction.
  • A l'inverse, la performance au test d'agilité défensive (réactive) est peu corrélée aux qualités physiques des joueurs.
  • Les qualités physiques expliquent seulement 14% de la capacité d'agilité réactive.
  • Les joueurs les plus performants au test d'agilité défensive n'ont pas de résultats supérieurs aux tests physiques ni au test de vitesse de changement de direction.

Les conclusions possibles à tirer de cette étude sont les suivantes:
  • Pour développer la vitesse pure de changement de direction, on pourra coupler un travail d'accélération (sprints sur distances courtes: 5 à 20 mètres) et un travail de pliométrie (hopping, drop jump, sauts horizontaux...). Le travail de renforcement musculaire est également important pour préparer au travail pliométrique et pour augmenter la stabilité et la puissance des membres inférieurs. Evidemment, un travail technique du changement de direction est à envisager en parallèle. Je vous renvoie à l'article du blog sur le changement de direction: http://www.sfbasketballtraining.com/2014/03/les-facteurs-biomecaniques-cles-dun.html 
  • Pour développer l'agilité réactive (celle qui se rapproche le plus du match), il faut privilégier un travail basé sur le développement des stratégies motrices d'agilité et des capacités cognitives (vitesse et qualité de prise d'information et de prise de décision). Il faut donc travailler avec une stimulation externe (visuelle: ballon, entraîneur, autre joueur, lumière; auditive: voix du coach; tactile) et faire réagir le joueur à cette stimulation en variant les déplacements (sprint avant, sprint arrière, pas chassé, s'arrêter, tourner, changer de direction,...). L'utilisation de petits matchs à effectifs réduits est aussi une méthode pertinente (voir suite de l'article).   


La deuxième étude proposée par Young et coll. (JSS 2014) a évalué les effets de deux programmes d'entrainement sur la capacité d'agilité (planifiée et réactive).


Vingt-cinq jeunes joueurs de football australien (U18) ont été réparti dans deux groupes d'entraînement:

  • un groupe effectue un programme spécifique de changement de direction (groupe COD) basé des exercices standards d'agilité planifiée (sans composante cognitive).
  • un groupe effectue un programme basé sur des petits matchs à effectifs réduits (2c2, 4c4: groupe SSG) avec donc une forte composante cognitive (prise d'information, anticipation, décision).
Chaque programme consistait en 11 séances de 15 min réparties sur 7 semaines (1 à 2 séances par semaine).

Les joueurs ont été testé avant et après la période d'entraînement sur un test d'agilité planifiée (Planned AFL agility test) et sur un test d'agilité réactive (similaire à celui décrit dans l'étude précédente).

Les résultats de l'étude montrent pour le groupe SSG suite au programme de matchs à effectifs réduits:
  • une amélioration significative des performances d'agilité réactive avec un temps total d’exécution du test plus court
  • ce meilleur temps de réalisation du test s'explique principalement par une nette amélioration du temps de décision lors du changement de direction. 
  • par contre, pas d'amélioration du temps de mouvement lors du test d'agilité réactive et pas de progression au test d'agilité planifié.
Les résultats de l'étude pour le groupe COD suite au programme de changement de direction montrent:
  • aucune amélioration des performances d'agilité réactive ni d'agilité planifiée.

En conclusion, l'utilisation des matchs à effectifs réduits (2c2, 3c3 au basket) est une méthode intéressante pour développer l'agilité réactive.
A l'inverse, dans cette étude, les exercices de changement de direction planifié n'ont pas permis d'améliorer l'agilité réactive.
Toutefois, il faut relativiser les résultats de l'étude au regard de la faible quantité d'entraînements (11 séances de 15 min) effectuée dans les deux groupes. De plus, le test d'agilité planifié qui a été choisi ne semble pas être le plus adapté au type de joueurs et aux entraînement effectués.

Références:

Young WB, Miller I, Talpey S. Physical qualities predict change-of-direction speed but not defensive agility in Australian Rules football. J Strength Cond. res 2014 Jul 15

Young WB, Rogers. Effects of small-sided game and change of direction training on reactive agility and change of direction speed. J Sport Sci. 2014; 32(4): 307-14

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9 juil. 2014

Interview de Lee Taft: Coach Athlétique et Entraineur de Basket aux Etats-Unis

Lee Taft est un des coachs américains les plus renommés dans le domaine du développement athlétique des sportifs. J'ai voulu vous proposer une interview de Lee afin de vous faire découvrir sa vision de l'entraînement et du développement des joueurs de basket-ball.

L'interview est en anglais. La traduction sera proposée dans les prochains jours.

                                             




SF: Hello Lee, can you introduce yourself and tell a little bit about your background?

LT: Hi Stevy ! Thanks for having me be apart of your Basketball Program. Let me start out by introducing my family. My wife Jenn of 20 years, My daughter Jae-16, Bailee-14, and son Brennen-6. They are just a crazy about sports as i am !
 I have been involved with coching for roughly 25 years as a sport coach (basketball, football, track...) and a strength and conditioning coach. I grew up in a family of coaches and teacher and had such a strong foundation of the basics in coaching it was so much easier for me to enter into the profession. I own a complany called Sports Speed Etc with my wife Jenn.  I have lectured, owned facilities, and produced many training DVD’s over the years. But my true passion is coaching basketball. I currenly have a girls travel basketball club call the Iniana Charge. We have a 7th-9th, and 10th/11th grade teams. Lots of work but I enjoy it all so much !




SF: You are a worldwide specialist in movement/athletic development for athletes. What are the main movements you try to improve on athletes, especially in Basketball? In what order do you usually start?

LT: I try to get my basketball players to understand the importance of a strong balanced stance. This stance must be consistent regardless of if shuffling, crossing over, or retreating. By having a good athletic stance the athletes can easily and quickly apply force in any direction by using repositioning steps to quickly produce force into the ground and push the body in the direction of travel they wish to go. I call it “Staying in the Tunnel”.
I try to teach the athletes how to be prepared to react in any situation. I like them to move in any direction the instant they have to react. I like to use visual cues like me pointing or dropping a tennis ball for them to chase. I also like to call out commands like right or left, or color. From these movements I get to assess and begin focusing on their limitations. So the drills are actually on going assessments.


SF: I know you like letting the natural movement occurs in athlete. Can you explain us this idea?

LT: Yes! Long before there were trainer’s people in general moved naturally. They react to a situation and move accordingly. My entire philosophy is based on this concept. I try to put athletes in positions where their natural instincts to chase and escape take over. Basketball is a perfect example of this concept.  When an athlete reacts it immediately knows to fight or flight. The movements used with allow the athletes to quickly move into “combat” or away from it.

 
SF: What are the main problems you usually observe in young athletes? How do you correct bad movements?

LT: The biggest issues I see with young kids are very little foundational skills are established. What this means is- if kids do not learn to develop general coordination patterns such as skipping, leaping, hopping, backpedaling, multi-planar jumping, and so on…they never are able to master more advanced or specific skills. The foundation of movement is critical. I think all kids should learn to jump rope, skate board, skate, hurdle, gymnastics… these skills teach balance, quickness, coordination, body awareness. More advanced skills are easier to perform due to this foundation.


SF: According to you, what are the priorities for the development of young basketball players?
 
LT: When first starting out with young kids they must be able to catch and dribble. They are hand-eye coordination and will contribut to tracking skills. When a player tracks the ball well they can catch easily and dribbling will eventually become automatic.  I beleive shooting, passing develops with kinesthetic awareness and understanding of depth, pace, leading, touch... Kids will develop these skills with lots of practice and experience. Experience will tell them how to make adjustments. Finally, i feel kids should play 2on2 and 3on3 games. They learn to penetrate and kick, work together, screen for one another. Get to open spots, and attack the basket.

SF: What do you think about young basketball player development in the USA compared to Europe?
 
LT: USA plays too much ! We do not put enough time into skill development and practice versus playing time. Playing is important but our playing is too structured and geared more toward winning trophies versus scrimmage to get better. Many kids who play AAU do not get much better becasue they don’t ever practice. I think more time could be spent on watching the game and breaking down tactics. I don’t think many of our players ‘see’ the game real well. Film study on tactical play would benefit us much more.

 SF: As a coach, what is your playing philosophy for youth teams?
 
LT: Teach, teach, teach !! Young kids do not need to be playing structured game nearly as much as they do. More 2on2, 3on3 and breakdown skills is needed. I do think kids need to play so they have fun and get to compete- but there are travel teams at 8yrs old going all over the country playing big tourneys. They should be learning how to play more.
I don’t beleive in zone or full court pressing for young kids. Simply because the stronger kids survive not neccessarily because they are better- they are just bigger and faster. Young kids can’t make the correct pass due to strength to be zones, and presses so it ends up being all turnovers and bad play.
Teach man to man, motion offensives so they learn to pass and cut, pass and screen, penetrate, help on devensive. The basics of basketball should be the focus when young to protect the game.

SF: During youth training, do you mainly use individual technical drills, small sided games (1-on-1, 2-on-2, 3-on-3), or 5-on-5 games?
 
LT: I use them all. But there is a teaching point for all the drills. I dont do random drills. Each drill has a purpose and I try to teach why we are doing something to the players.  1on1 up through 5on5 all have good reason to be used. Coaches just have to know why.
   
SF: Do you think it is important to start playing basketball at a young age to become a professional player? What is the ideal age?
 
LT: I think it helps but I don’t think it is always the case. The more skills a young player develops the easier it is as they get older. If coached/taught properly basketball teaches so many great skills and developmental patterns. That is why I think only playing 5on5 is not good when developing. Small sided games and skills development will set a great foundation for future growth. Being a professional player starts with a skills foundation (unless you are 6’8 and can dunk easily;) haha!
  
SF: Thanks a lot for your answers. Do you have anything else to add?
 
LT: Basketball is a great game for all kids to learn- even if they do not choose to play it competitively. Athletes can learn and develop so many great skills. They most important thing to do with young kids is to help them build the love of the game so they want to work hard at it as they get older. If it is made to difficult and hard at a young age many kids drop out- make it fun and they will stay with it.
Please check out www.LeeTaft.com so you can see my DVD’s on basketball training and much more !

Thanks Stevy !
Lee



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